Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 2.djvu/74

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Ce qui rayonne là, ce n’est pas un vain jour
Qui naît et meurt, riant et pleurant tour à tour,
Jaillissant, puis rentrant dans la noirceur première ;
Et, comme notre aurore, un sanglot de lumière ;
C’est un grand jour divin, regardé dans les cieux
Par les soleils, comme est le nôtre par les yeux ;
Jour pur, expliquant tout, quoiqu’il soit le problème ;
Jour qui terrifierait, s’il n’était l’espoir même,
De toute l’étendue éclairant l’épaisseur,
Foudre par l’épouvante, aube par la douceur.
Là, toutes les beautés tonnent épanouies ;
Là, frissonnent en paix les lueurs inouïes ;
Là, les ressuscités ouvrent leur œil béni
Au resplendissement de l’éclair infini ;
Là, les vastes rayons passent comme des ondes.

C’était sur le sommet du Sinaï des mondes ;
C’était là.

Le nuage auguste, par moments,
Se fendait, et jetait des éblouissements.
Toute la profondeur entourait cette cime.

On distinguait, avec un tremblement sublime,
Quelqu’un d’inexprimable au fond de la clarté.

Et tout frémissait, tout, l’aube et l’obscurité,
Les anges, les soleils, et les êtres suprêmes,