Page:Hugo - Le Roi s amuse.djvu/231

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1 I _ 4 NOTE. 22l ventions l'ont Ia lol des parties: que rlen nepeut iel les faire changer dans leur execu- tion; ` ‘ » Plaira au tribunal condamner par toutes les votes de droit , meme par corp: , les societaires du 'l‘heatre~Francais A jouer la piece dont il s‘aglt , sinon A payer par corps 25.000 francs de dommages et interets , et, dans le cas on ils consentiraient A jouer la ` piece , les condamner , pour le dommage passe, A telle somme qu'll plaira au tribunal ` arbitrer. » - ’ Messleurs, dit le defenseur, la celebrite de mon client me dispense de vous le hire connallrelsa mission, celle qu’il a regue de son talent et de son genie, etalt de rappeler notre litterature A la verite , non A cette verite de convention et d’arlilice, mais A cette verite qui se pulse dans la realite de notre nature , de nos mmurs , de nos babitudes. cette mission , il l‘a entreprise avec courage; il la poursuit avec perseverance et ta. lent. ll a sonleve bien des orages; et le public. ce tribunal souverain devant lequel il est traduit, semble avoir consacre ses efforts par maints et maints suffrages. ` comment se hit-il auJourd'hui qu'il soil assis sur ces bancs . devant un tribunal, ayant pour appnl , non le prestige de son talent, mais mon severe ministere et la presence de iurisconsulles qui n’ont rien de litteraire ni de poétique? c'est que M. Victor Hugo n'est pas seulement poete, tl est citoyen; il sail qn'iI est des droits qu‘on peut abandonner quand on n'apporte prejudice qu'A s0i·méme; mais il en est d'autres qu’on doit defendre par tous les moyens possibles . parce qu’on ne peut pas abandonner son droit propre sans livrer le droit d`autrui , le droitde la liberle de la pensee, de la llberle des representations tbeatrales. La resistance a la censure, A des actes arbitraires, ce sont IA des droits de garantle que l'on ne peut pas deserter lorsqu’ou a la conscience de ces droits et de ces garanties , et lorsqu'on saitce qu’est le devoir d'uu citoyen. C'est ce devoir que M. Victor Hugo vient remplir devant vous; et bien qu‘on sit repro- che, quelquefois avec justice, A la republique des lettres de livrer trop aisement ses fran- chlsesetses privileges au pouvoir, l'illustre poete a Yavantage d'avoir dejA donne de nobles et d'eclatants dementls A ce reproche. M. victcr Hugo a depuis long-temps fait ses preuves: deja `sous la Restaurallon il a refuse de llechir devantl’a1-bitraire de Ia` censure. Ni les decorations, ni les pensions, ni les faveurs de toute espece n’ont pu dominer en lui le sentiment de son droit . la conscience de son devoir. Nous l’admirions , et alors nous Fentourlons de nos temoignages de sympatbie , de nos manifestations pu- bllques d‘admiration. Eb bien! serait-il accueilli avec d'autres sentiments au]ourd'bui qn'il vmnt acwmplir ce meme devolr, aujourd'hui que, dans des circonstanccs bien plus favorables, lorsqu‘une revolution semble avoir aboli toute censure , lorsqu'au frontisplce de notre Charte sont ecrits ces mots : La censure est abolie, ll vient reclamer non un droit douteux, incertain, mais un droit consacre par notre revolution, consacré par la Gbarte constitutlonnelle, qui a ete le fruit . Ia conquete de cette revolution? Non, Messleurs , je ne crains pas que le sentiment de faveur qui jusqu'icl a accompagne M. Victor Hugo l’abandonne aujourd'hui; ses smtiments sont resles les memes; iis out peut-étre acquis un nouveau caractere d'energie par les circonslances qui se sont passees depuis. Je n’oubllerai jamals, la France n‘oubliera pas non plus, que c'est dans cette en- ceinte meme , le 28 juillet l8$0, qu’a été donne le premier , le plus solennel exemple de resistance a Yarbitmire = c'est le jugement memorable qui a condamne Yimprlmeur Cbantple A executer ses engagements en imprlmant le Journal du Commerce, malgre les ordonnanccs dn 25 julllet. ‘ ' Je prevois, aioute-t-il,que l'on m’obiectera un autre iugementrendu par vous en l83l,