Page:Hugo - Le Roi s amuse.djvu/237

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NOTE. 2*27 franchises les plus essentielles: il nous cbicane nos facultés les mieux acquiswt il échafaude son arbltraire sur un tas de vlellles lois vermoulnes et abl‘0$k¤: il s'embusque, pour nous dérober nos droits , dans cette foret de Bondy des decrets lmperiaux A travcrs lsquelle la liberte ne peut jamais passer sans etre devalisee. Je dois vous faire remarquer ici en passant . Messieurs, que je n'entends franchir , dans mon lsngage , aucune des convenauces parlementaires. ll importe A ma loyaulé qu‘on sache bien quelle est la portee de mes paroles quand j'attaque le gouvernement , dont nn membre actuel a dit : lc Rcri régne et ne goueeme pas. ll n’y a pas d’arriere-pensee dans ma polemiqne.Le jour on je croirai devoir me plaindre d'une personne cou- ronnee, je lui adresserai ma plainte A elle·méme ; je la regarderai en face et je Iui diral: Z Sire. Eu attendant, c'est A ses conselllers que Yen veux; c'est sur ses ministresseulement que tombent mes paroles, quoique cela puisse sembler étrange dans un tempsoii les ministres sont invlolables et les rois rcsponsables. ` - , ., Je reprends , et je dis que le gouvernement nous retire petit A petit tout ee que nos A quarante ans de revolutions nous avaieut acquis de droits et de franchise§,- jeydis que c'est A la problte des tribunanx de Yarreter dans cette voie fatale pour Iui comme pour nous. Je dis‘que Ie pouvoir actueI_ manque particulierentent de grandeur et de courage dans la maniere mesquine dont il fait cette operation hasardeuse, que chaque gouivernement, par nn aveuglement singulier, teute A son tour. et qui consiste A substituer plus _. ou moins rapldemeut l'arbitraire A la Constiintion , le despotisme A la liberte. Bonaparte , quand il fut consul et quand il fut empereur, voulut aussi le despotisme; » mais il lit autrement : il y entra de front et de plain·pied. I1 n’employa aucune des miserables petltes precautions avec lesquelles on escamote aujourd’hui toutes nos libertés , les alnees comme les cadettes , celles de 4850 comme celles de HSS. Napoleon ne fut ni sonrnois ni hypocrite; Napoleon ne nous lilouta point nos droits l'un apres l’autre, A la ' favour de notre assoupissement, comme l’on fait maintenant; Napoleon prit tout A la fois , d'un seul coup et dune seule main. Le lion n'a pu les mmm du renard. Alors, Messleurs, c'etait grand. L‘Empire, comme gouvernement et comme adminis- tration, fut asmrément uue epoque intolerable de tyrannle; mais souvcnons-nous que _ , notre liberté fut largement payee en gloire. La France d’alors avait, chose extraordii i naire, une attitude toutA la fois soumise et superbe. Ce n’était pas ls France comme · nous la voulons, Ia France libre, ls France souverslne d'elle·meme, c’etait la France _ ‘ ‘ esclave d'un homme et reine du monde. Alors on nous prenait notre liberté , c'est vrai, mais on nous donnait un bien sublime spectacle. On disait : Tel jour , A telle lieure, fentrerai dans talle capitale; et ou y entrait au jour dit et A l‘heure dite. On detronait uue dynastie avec un décret du Mtmiteior. On faisait se coudoyer toutes sortes de rois dans les antichambres. st l’on avait la fantalsie d’nne col0nne·, on en faisait fournir le bronze par l'empereur d°AutrIche. On reglait , un peu atbitrairement je l'avoue, le sort des comédiens francais, mais on datait le réglement de Hoscon. On nous prenait toutes nos libertes, dis-je. ou avalt un bureau de oensure , on mettait nos livres au pilon, on rayait nos pieces de l'afiiche , mais A tontes nos plaintes on pouvait faire , d'un seul mot , des reponses magniliques, on pouvait nous répondre : Marengo! Iénat Austerlltzill .... Alors ,1e le répéte , c'éta1t grand; auJourd'hui c'est petit. Nous msrchons A Yarbltraire comme alors , mais nous ne sommes pas des colosses. Notre gouvernement n'est pas de eeux qui peuv M- t consoler une grande nation de laperte de la liberté. En fait d'art, nous delormons les Tuileries; en fait de gloire, nous laissons perl: la Pologne. Cela n'empe·