Page:Hugo - Les Contemplations, Nelson, 1856.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

IV

La source tombait du rocher
Goutte à goutte à la mer affreuse.
L’Océan, fatal au nocher,
Lui dit : — Que me veux-tu, pleureuse ?

Je suis la tempête et l’effroi ;
Je finis où le ciel commence.
Est-ce que j’ai besoin de toi,
Petite, moi qui suis l’immense ? —

La source dit au gouffre amer :
— Je te donne, sans bruit ni gloire,
Ce qui te manque, ô vaste mer !
Une goutte d’eau qu’on peut boire. »


Avril 1854.