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LES MISÉRABLES. — JEAN VALJEAN.

Le mariage se fit donc le 16, nonobstant la gaîté publique. Il pleuvait ce jour-là, mais il y a toujours dans le ciel un petit coin d’azur au service du bonheur, que les amants voient, même quand le reste de la création serait sous un parapluie.

La veille, Jean Valjean avait remis à Marius, en présence de M. Gillenormand, les cinq cent quatrevingt-quatre mille francs.

Le mariage se faisant sous le régime de la communauté, les actes avaient été simples.

Toussaint était désormais inutile à Jean Valjean ; Cosette en avait hérité et l’avait promue au grade de femme de chambre.

Quant à Jean Valjean, il y avait dans la maison Gillenormand une belle chambre meublée exprès pour lui, et Cosette lui avait si irrésistiblement dit : « Père, je vous en prie », qu’elle lui avait fait à peu près promettre qu’il viendrait l’habiter.

Quelques jours avant le jour fixé pour le mariage, il était arrivé un accident à Jean Valjean ; il s’était un peu écrasé le pouce de la main droite. Ce n’était point grave ; et il n’avait pas permis que personne s’en occupât, ni le pansât, ni même vît son mal, pas même Cosette. Cela pourtant l’avait forcé de s’emmitoufler la main d’un linge, et de porter le bras en écharpe, et l’avait empêché de rien signer. M. Gillenormand, comme subrogé tuteur de Cosette, l’avait suppléé.

Nous ne mènerons le lecteur ni à la mairie ni à l’église. On ne suit guère deux amoureux jusque-là, et l’on a l’habi-