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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

règles de la statique. Le carrosse du czar Pierre était construit de telle sorte qu’il semblait devoir verser à chaque pas ; il roulait pourtant. Que de difformités dans la machine de Marly ! Tout y était en porte-à-faux. Elle n’en donnait pas moins à boire à Louis XIV.

Quoi qu’il en fût, Gilliatt avait confiance. Il avait même empiété sur le succès au point de fixer dans le bord de la panse, le jour où il y était allé, deux paires d’anneaux de fer en regard, des deux côtés de la barque, aux mêmes espacements que les quatre anneaux de la Durande auxquels se rattachaient les quatre chaînes de la cheminée.

Gilliatt avait évidemment un plan très complet et très arrêté. Ayant contre lui toutes les chances, il voulait mettre toutes les précautions de son côté.

Il faisait des choses qui semblaient inutiles, signe d’une préméditation attentive.

Sa manière de procéder eût dérouté, nous avons déjà fait cette remarque, un observateur, même connaisseur.

Un témoin de ses travaux qui l’eût vu, par exemple, avec des efforts inouïs et au péril de se rompre le cou, enfoncer à coups de marteau huit ou dix des grands clous qu’il avait forgés, dans le soubassement des deux Douvres à l’entrée du défilé de l’écueil, eût compris difficilement le pourquoi de ces clous, et se fût probablement demandé à quoi bon toute cette peine.

S’il eût vu ensuite Gilliatt mesurer le morceau de la muraille de l’avant qui était, on s’en souvient, resté adhérent à l’épave, puis attacher un fort grelin au rebord supérieur de cette pièce, couper à coups de hache les charpentes