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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

Le Livre ouvert, était sur la table.

À côté, sur une crédence, s’étalait un autre livre, le registre de paroisse, ouvert également, et sur lequel un œil attentif eût pu remarquer une page fraîchement écrite et dont l’encre n’était pas encore séchée. Une plume et une écritoire étaient à côté du registre.

En voyant entrer le révérend Ebenezer Caudray, le révérend Jaquemin Hérode se leva.

— Je vous attends, dit-il. Tout est prêt.

Le doyen, en effet, était en robe d’officiant.

Ebenezer regarda Gilliatt.

Le révérend doyen ajouta :

— Je suis à vos ordres, mon collègue.

Et il salua.

Ce salut ne s’égara ni à droite ni à gauche. Il était évident, à la direction du rayon visuel du doyen, que pour lui Ebenezer seul existait. Ebenezer était clergyman et gentleman. Le doyen ne comprenait dans sa salutation ni Déruchette qui était à côté, ni Gilliatt qui était en arrière. Il y avait dans son regard une parenthèse où le seul Ebenezer était admis. Le maintien de ces nuances fait partie du bon ordre et consolide les sociétés.

Le doyen reprit avec une aménité gracieusement altière :

— Mon collègue, je vous fais mon double compliment. Votre oncle est mort et vous prenez femme ; vous voilà riche par l’un et heureux par l’autre. Du reste, maintenant, grâce à ce bateau à vapeur qu’on va rétablir, miss Lethierry aussi est riche, ce que j’approuve. Miss Lethierry est née sur cette paroisse, j’ai vérifié la date de sa naissance sur le registre.