Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome II (1892).djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
LES TRAVAILLEURS DE LA MER

L’alcôve, à l’entrée, avait deux pieds de haut. Elle allait se rétrécissant vers le fond. Il y a des cercueils de pierre qui ont cette forme. L’amas de rochers étant adossé au sud-ouest, la tanière était garantie des ondées, mais ouverte au vent du nord.

Gilliatt trouva que c’était bon.

Les deux problèmes étaient résolus ; la panse avait un port et il avait un logis.

L’excellence de ce logis était d’être à portée de l’épave.

Le grappin de la corde à nœuds, tombé entre deux quartiers de roche, s’y était solidement accroché. Gilliatt l’immobilisa en mettant dessus une grosse pierre.

Puis il entra immédiatement en libre pratique avec la Durande.

Il était chez lui désormais.

La grande Douvre était sa maison ; la Durande était son chantier.

Aller et venir, monter et descendre, rien de plus simple.

Il dégringola vivement de la corde à nœuds sur le pont.

La journée était bonne, cela commençait bien, il était content, il s’aperçut qu’il avait faim.

Il déficela son panier de provisions, ouvrit son couteau, coupa une tranche de bœuf fumé, mordit sa miche de pain bis, but un coup au bidon d’eau douce, et soupa admirablement.

Bien faire et bien manger, ce sont là deux joies. L’estomac plein ressemble à une conscience satisfaite.

Son souper fini, il y avait encore un peu de jour. Il en profita pour commencer l’allégement, très urgent, de l’épave.