Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome II (1892).djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
LES TRAVAILLEURS DE LA MER

Tandis qu’il faisait ce luncheon maigre, il entendit un bizarre tumulte sur la mer. Il regarda.

C’était l’essaim de goëlands et de mouettes qui venait de se ruer sur une des roches basses, battant de l’aile, s’entre-culbutant, criant, appelant. Tous fourmillaient bruyamment sur le même point. Cette horde à bec et ongles pillait quelque chose.

Ce quelque chose était le panier de Gilliatt.

Le panier, lancé sur une pointe par le vent, s’y était crevé. Les oiseaux étaient accourus. Ils emportaient dans leurs becs toutes sortes de lambeaux déchiquetés. Gilliatt reconnut de loin son bœuf fumé et son stockfish.

Les oiseaux entraient en lutte à leur tour. Ils avaient, eux aussi, leurs représailles. Gilliatt leur avait pris leur logis ; ils lui prenaient son souper.