Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome II (1892).djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
LES TRAVAILLEURS DE LA MER

deux n’était large ; de là la ténacité de leur emboîtement ; de là aussi leur ajustement en plan incliné. Ils touchaient la grande Douvre à angle aigu et la petite Douvre à angle obtus. Ils étaient faiblement déclives, mais inégalement, ce qui était un défaut. À ce défaut près, on les eût dit disposés pour recevoir le tablier d’un pont. À ces quatre madriers étaient attachés quatre palans garnis chacun de leur itague et de leur garant, et ayant cela de hardi et d’étrange que le moufle à deux rouets était à une extrémité du madrier et la poulie simple à l’extrémité opposée. Cet écart, trop grand pour n’être pas périlleux, était probablement exigé par les nécessités de l’opération à accomplir. Les moufles étaient forts et les poulies solides. À ces palans se rattachaient des câbles qui de loin paraissaient des fils, et, au-dessous de cet appareil aérien de moufles et de charpentes, la massive épave, la Durande, semblait suspendue à ces fils.

Suspendue, elle ne l’était pas encore. Perpendiculairement sous les madriers, huit ouvertures étaient pratiquées dans le pont, quatre à bâbord et quatre à tribord de la machine, et huit autres sous celles-là, dans la carène. Les câbles descendant verticalement des quatre moufles entraient dans le pont, puis sortaient de la carène par les ouvertures de tribord, passaient sous la quille et sous la machine, rentraient dans le navire par les ouvertures de bâbord, et, remontant, traversant de nouveau le pont, revenaient s’enrouler aux quatre poulies des madriers, où une sorte de palanguin les saisissait et en faisait un trousseau relié à un câble unique et pouvant être dirigé par un seul bras. Un crochet et une moque, par le trou de laquelle passait et se