Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome I (1891).djvu/31

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nent, peu patients ; de façon que les discussions théologiques sont parfois ponctuées de coups de poing orthodoxes. La stagnation du dimanche fait loi. Tout est permis, excepté de boire un verre de bière le dimanche. Si vous aviez soif « le saint jour du sabbat », vous scandaliseriez le digne Amos Chick qui a licence pour vendre de l’ale et du cidre dans Highstreet. Loi du dimanche : chanter sans boire. En dehors de la prière, on ne dit pas : mon Dieu on dit : mon bon. Good remplace God. Une jeune sous-maîtresse française d’un pensionnat, ayant ramassé ses ciseaux avec cette interjection : Ah mon Dieu ! fut congédiée pour avoir « juré ». On est plus biblique encore qu’évangélique.

Il y a un théâtre. Une porte bâtarde, donnant sur un corridor dans une rue déserte, telle est l’entrée. L’intérieur se rapproche du style d’architecture adopté pour les greniers à foin. Satan n’a pas de pompes, et est mal logé. Le théâtre a pour vis-à-vis la prison, autre logis du même individu.

Sur la colline nord, au Castle Carey (solécisme ; il faudrait dire Carey Castle), il existe une précieuse collection de tableaux, la plupart espagnols. Publique, ce serait un musée. Dans certaines maisons aristocratiques, subsistent des spécimens curieux de ce carrelage peint de Hollande dont est tapissée la cheminée du czar Pierre à Saardam, et de ces magnifiques tentures de faïence, dites en Portugal azulejos, produits d’un grand art, la faïencerie ancienne ; ressuscité aujourd’hui, plus admirable que jamais, grâce à des initiateurs comme le docteur Lasalle, à des fabriques