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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

vide. Cette nuit-là Tangrouille y avait trouvé une bouteille d’eau-de-vie inattendue. Sa joie avait été grande, et sa stupeur plus grande encore. De quel ciel lui tombait cette bouteille ? Il n’avait pu se rappeler quand ni comment il l’avait apportée dans le navire. Il l’avait bue immédiatement. Un peu par prudence ; de peur que cette eau-de-vie ne fût découverte et saisie. Il avait jeté la bouteille à la mer. Le lendemain, quand il prit la barre, Tangrouille avait une certaine oscillation.

Il gouverna pourtant à peu près comme d’ordinaire.

Quant à Clubin, il était, on le sait, revenu coucher à l’Auberge Jean.

Clubin portait toujours sous sa chemise une ceinture de voyage en cuir où il gardait un en-cas d’une vingtaine de guinées et qu’il ne quittait que la nuit. Dans l’intérieur de cette ceinture, il y avait son nom, sieur Clubin, écrit par lui-même sur le cuir brut à l’encre grasse lithographique, qui est indélébile.

En se levant, avant de partir, il avait mis dans cette ceinture la boîte de fer contenant les soixante-quinze mille francs en bank-notes, puis il s’était comme d’habitude bouclé la ceinture autour du corps.