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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

— La meilleure mulassière connue, c’est une barrique sur quatre poteaux.

— La beauté des bêtes n’est pas la même que la beauté des hommes.

— Et surtout des femmes.

— C’est juste.

— Moi, je tiens à ce qu’une femme soit jolie.

— Moi, je tiens à ce qu’elle soit bien mise.

— Oui, nette, propre, tirée à quatre épingles, astiquée.

— L’air tout neuf. Une jeune fille, ça doit toujours sortir de chez le bijoutier.

— Je reviens à mes bœufs. J’ai vu vendre ces deux bœufs-là au marché de Thouars.

— Le marché de Thouars, je le connais. Les Bonneau de La Rochelle et les Bahu, les marchands de blé de Marans, je ne sais pas si vous en avez entendu parler, devaient venir à ce marché-là.

Le touriste et le parisien causaient avec l’américain des bibles. La conversation, là aussi, était au beau fixe.

— Monsieur, disait le touriste, voici quel est le tonnage flottant du monde civilisé : France, sept cent seize mille tonneaux ; Allemagne, un million ; États-Unis, cinq millions ; Angleterre, cinq millions cinq cent mille. Ajoutez le contingent des petits pavillons. Total : douze millions neuf cent quatre mille tonneaux distribués dans cent quarante-cinq mille navires épars sur l’eau du globe.

L’américain interrompit :

— Monsieur, ce sont les États-Unis qui ont cinq millions cinq cent mille.