Page:Hugo Hernani 1889.djvu/104

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Don Carlos.

On ne fasse ma tombe, on n’aura rien !Prière,
Menace, tout est vain ! — Livre-moi le bandit,
Duc ! ou tête et château, j’abattrai tout.

Don Ruy Gomez.

Duc ! ou tête et château, j’abattrai tout.J’ai dit.

Don Carlos.

Eh bien donc, au lieu d’une, alors j’aurai deux têtes.
Au duc d’Alcala.
Jorge, arrêtez le duc.

Doña Sol, arrachant son voile et se jetant entre le roi, le duc et les gardes.

Jorge, arrêtez le duc.Roi don Carlos, vous êtes
Un mauvais roi !

Don Carlos.

Un mauvais roi !Grand dieu ! que vois-je ? doña Sol !

Doña Sol.

Altesse, tu n’as pas le cœur d’un espagnol !

Don Carlos, troublé.

Madame, pour le roi, vous êtes bien sévère.

Il s’approche de doña Sol.
Bas.

C’est vous qui m’avez mis au cœur cette colère.
Un homme devient ange ou monstre en vous touchant.
Ah ! quand on est haï, que vite on est méchant !
Si vous aviez voulu, peut-être, ô jeune fille,
J’étais grand, j’eusse été le lion de Castille !
Vous m’en faites le tigre avec votre courroux.
Le voilà qui rugit, madame, taisez-vous !

Doña Sol lui jette un regard. Il s’incline.
Pourtant, j’obéirai.
Se tournant vers le duc.
Pourtant, j’obéirai.Mon cousin, je t’estime.

Ton scrupule après tout peut sembler légitime.