Page:Hugo Rhin Hetzel tome 3.djvu/132

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répand au loin ; cela doit être pourtant plus admirable encore lorsque le soleil change ces perles en diamants et que l’arc-en-ciel plonge dans l’écume éblouissante son cou d’émeraude, comme un oiseau divin qui vient boire à l’abîme.

De l’autre bord du Rhin, d’où je vous écris en ce moment, la cataracte apparaît dans son entier, divisée en cinq parties bien distinctes qui ont chacune leur physionomie à part et forment une espèce de crescendo. La première, c’est un dégorgement de moulins ; la seconde, presque symétriquement composée par le travail du flot et du temps, c’est une fontaine de Versailles ; la troisième, c’est une cascade ; la quatrième est une avalanche ; la cinquième est le chaos.

Un dernier mot, et je ferme cette lettre. À quelques pas de la chute, on exploite la roche calcaire, qui est fort belle. Du milieu d’une des carrières qui sont là, un galérien, rayé de gris et de noir, la pioche à la main, la double chaîne au pied, regardait la cataracte. Le hasard semble se complaire parfois à confronter dans des antithèses, tantôt mélancoliques, tantôt effrayantes, l’œuvre de la nature et l’œuvre de la société.