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Louis XIV violèrent à Spire les sépultures impériales, et, à Heidelberg, les tombeaux palatins. Le maréchal de Lorges mit le feu aux quatre coins de la résidence électorale ; l’incendie fut horrible, tout Heidelberg brûla. Quand le tourbillon de flamme et de fumée qui enveloppait la ville fut dissipé, on vit une maison, une seule, debout dans ce monceau de cendres.

C’était encore, c’était toujours la maison de 1595.

Aujourd’hui la charmante façade vermeille, damasquinée d’or, toujours vierge, intacte et fière, et seule digne de se rattacher au château dans cet insignifiant entassement de

    entre-sols du Louvre, déjà citée dans la lettre XVII. Il va sans dire que ces extraits sont textuels, et que, quant aux rapprochements qu’ils peuvent faire naître dans l’esprit du lecteur, l’auteur de ce livre n’a eu l’intention ni de les chercher, ni de les éviter.

    Gazette du 28 may.
    « Le sieur dé Mélac, lieutenant-général, occupe les hauteurs au-dessus du chasteau avec douze bataillons et cinquante dragons. Il a chassé les ennemis d’une redoute d’où l’on peut battre à revers les ouvrages de la place.
    « On fait une batterie de six pièces de canon de l’autre costé du Nekre. La tranchée doit être ouverte ce soir par le marquis de Chamilly, lieutenant-général ; du costé du front des ouvrages de terre du fauxbourg, par la brigade de Picardie. »
    (Du camp devant Heideîberg, le 21 may 1693.)
    “ Six cents hommes des troupes de Hesse-Cassel vinrent pour ravitailler la place.
    « Le sieur de Mélac les fit attaquer de la manière suivante :
    « Cent hommes du régiment dé Picardie, commandez par les sieurs de Coste et Despic, marchèrent par les vignes dans la montagne. Ils estoient suivis par cent trente du régiment de la Reyne, et cinquante cavaliers du régiment colonel-général de Mélac, et de Lalande, qui portaient des grenadiers en croupes. La seconde compagnie des grenadiers de la Reyne s’avança par un grand chemin entre la montagne et la rivière, avec une pièce de canon à leur teste, pour attaquer une traverse que les ennemis avoient faite dans le même chemin. Cent cinquante hommes du régiment de la Reyne soutenoient la compagnie de grenadiers ; la cavalerie et les dragons soutenoient toute l’infanterie. Et on attaqua les ennemis de toutes parts. Ils abandonnèrent d’abord la première et la seconde traverse. Mais ils firent ferme a la dernière. Le sieur de Mélac alors fit avancer les grenadiers, qui attaquèrent, les ennemis en flanc, en sorte qu’ils commencèrent à lascher pié. Ils firent encore ferme quelque temps derrière des hayes et des vignes : mais la cavalerie les contraignit enfin à prendre la fuite. Les uns taschèrent à remonter le costeau par dedans les vignes, et les autres se sauvèrent dans le village de Vebelingen, qui est au pié de la montagne.