Page:Hugo Rhin Hetzel tome 3.djvu/200

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de l’histoire, ces deux entraves si différentes produisent dans de certains cas les mêmes effets. Quelquefois le parlement se révolte et tue le roi d’Angleterre ; quelquefois l’étiquette se révolte et tue le roi d’Espagne. Parallélisme bizarre, mais incontestable, dans lequel l’échafaud de Charles Ier a pour pendant le brasier de Philippe III.

Un des résultats les plus considérables de cette annulation de l’autorité royale par des causes pourtant presque opposées, c’est que la loi salique devient inutile. En Espagne comme en Angleterre, les femmes peuvent régner.

Entre les deux peuples il existe encore plus d’un rapport qu’enseigne une comparaison attentive. En Angleterre comme en Espagne, le fond du caractère national est fait d’orgueil et de patience. C’est là, à tout prendre, et sauf les restrictions que nous indiquerons ailleurs, un admirable tempérament et qui pousse les peuples aux grandes choses. L’orgueil est vertu pour une nation ; la patience est vertu pour l’individu.

Avec l’orgueil on domine ; avec la patience on colonise. Or, que trouvez-vous au fond de l’histoire d’Espagne comme au fond de l’histoire de la Grande-Bretagne ? Dominer et coloniser.

Tout à l’heure nous tracions, l’œil fixé sur l’histoire, le tableau de l’infanterie castillane. Qu’on le relise. C’est aussi le portrait de l’infanterie anglaise.

Tout à l’heure nous indiquions quelques traits du clergé espagnol. En Angleterre aussi il y a un archevêque de Tolède ; il s’appelle l’archevêque de Cantorbéry.

Si l’on descend jusqu’aux moindres particularités, on voit que, pour ces petits détails impérieux de vie intérieure et matérielle qui sont comme la seconde nature des populations, les deux peuples, chose singulière, sont de la même façon tributaires de l’océan. Le thé est pour l’Angleterre ce qu’était pour l’Espagne le cacao, l’habitude de la nation ; et par conséquent, selon la conjoncture, une occasion d’alliance ou un cas de guerre.

Passons à un autre ordre d’idées.

Il y a eu et il y a encore chez certains peuples un dogme affreux, contraire au sentiment intérieur de la conscience humaine, contraire à la raison publique qui fait la vie