Page:Hugo Rhin Hetzel tome 3.djvu/219

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L’obstacle matériel, c’est la Prusse.

Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons déjà dit à ce sujet. Il est impossible pourtant que dans un temps donné la Prusse ne reconnaisse pas trois choses :

La première, c’est que, le caractère personnel des princes toujours laissé hors de question, l’alliance russe n’est pas et ne peut pas être un fait simple et clair pour un état de l’Europe centrale. Ce sont là des rapprochements dont l’arrière-pensée est transparente. Entre royaumes et entre peuples on peut s’aimer de beaucoup de façons. La Russie aime l’Allemagne comme l’Angleterre aime le Portugal et l’Espagne, comme le loup aime le mouton.

La deuxième, c’est que, malgré tous les efforts de la Prusse depuis vingt-cinq ans, malgré force concessions de bien-être, comme l’abaissement des taxes sur le tabac, le houblon et le vin, si paternel qu’ait été son gouvernement, et nous le reconnaissons, la rive gauche du Rhin est restée française ; tandis que la rive droite, naturellement et nécessairement allemande, est devenue tout de suite prussienne. Parcourez la rive droite, entrez dans les auberges, dans les tavernes, dans les boutiques ; partout vous verrez le portrait du grand Frédéric et la bataille de Rosbach accrochés au mur. Parcourez la rive gauche, visitez les mêmes lieux, partout vous y trouverez Napoléon et Austerlitz, protestation muette. La liberté de la presse n’existe pas dans les possessions prussiennes, mais la liberté de la muraille y existe encore, et elle suffit, comme on voit, pour rendre publiques les pensées secrètes.