Page:Hugo Rhin Hetzel tome 3.djvu/222

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L’obstacle moral, c’est l’inquiétude que la France éveille en Europe.

La France en effet, pour le monde entier, c’est la pensée, c’est l’intelligence, la publicité, le livre, la presse, la tribune, la parole ; c’est la langue, la pire des choses, dit Ésope : ― la meilleure aussi.

Pour apprécier quelle est l’influence de la France dans l’atmosphère continentale et quelle lumière et quelle chaleur elle y répand, il suffit de comparer à l’Europe d’il y a deux cents ans, dont nous avons crayonné le tableau en commençant, l’Europe d’aujourd’hui.

S’il est vrai que le progrès des sociétés soit, et nous le croyons fermement, de marcher par des transformations lentes, successives et pacifiques, du gouvernement d’un seul au gouvernement de plusieurs et du gouvernement de plusieurs au gouvernement de tous ; si cela est vrai, au premier aspect il semble évident que l’Europe, loin d’avancer, comme les bons esprits le pensent, a rétrogradé.

En effet, sans même pour l’instant faire figurer dans ce calcul les monarchies secondaires de la confédération germanique, et en ne tenant compte que des états absolument indépendants, on se souvient qu’au dix-septième siècle il n’y avait en Europe que douze monarchies héréditaires ; il y en a dix-sept maintenant.

Il y avait cinq monarchies électives ; il n’y en a plus qu’une, le Saint-Siège.

Il y avait huit républiques ; il n’y en a plus qu’une, la Suisse.

La Suisse, il faut d’ailleurs l’ajouter, n’a pas seulement