Page:Hugues - Les Roses du laurier, 1903.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
190
ROSES DU LAURIER


Un guerrier haletait, la poitrine oppressée ;
Mais la Gauloise a dit en élevant la voix :
— « C’est toi que je choisis, ô proscrit de Phocée ! »
Et la coupe sacrée a tremblé dans ses doigts.
Le Grec a répondu : « J’ai perdu ma patrie,
Je la retrouve ici, les dieux vont m’envier. »
Jetez dans la coupe fleurie
Un petit rameau d’olivier !

Gyptis a dit aussi, l’œil perdu dans un rêve :
« Pour que la liberté reprenne son essor,
« Je veux, ô beau guerrier, qu’une ville s’élève
« Au bord de ces flots bleus, sous ce grand soleil d’or. »
La brise murmurait sur la vague attendrie ;
L’oranger nuptial tressaillait sur l’autel.
Elevez la coupe fleurie
Dans l’azur immense du ciel !

Et dispersant au vent la cendre des vieux mondes,
Souriant au soleil pour la première fois,
Marseille s’est dressée au bord des larges ondes,
Dans la beauté des monts, de la terre et des bois.
Mais comme aux temps anciens le flot murmure et prie,
Les ramiers de Vénus errent dans le ciel clair :
Buvez à la coupe fleurie,
O libres peuples de la mer !