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III



À Léon Hennique




Elles sont inouïes, et elles sont splendides, lorsque dans l’hémicycle longeant la salle, elles marchent deux à deux, poudrées et fardées, l’œil noyé dans une estompe de bleu pâle, les lèvres cerclées d’un rouge fracassant, les seins projetés en avances sur des reins sanglés, soufflant des effluves d’opopanax qu’elles rabattent en s’éventant et auxquels se mêlent le puissant arome de leurs dessous de bras et le très fin parfum d’une fleur en train d’expirer à leur corsage.

On regarde, ravi, ce troupeau de filles passer en musique sur un fond de rouge sourd, coupé de glaces, dans un tournoiement ralenti de chevaux de bois courant en rond, au son d’un orgue, sur un bout de rideau écarlate orné de miroirs et de lampes ; l’on regarde les hanches remuer dans des robes bordées en bas comme d’un remous d’écume par