Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/312

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gauche, parce que tu n’es pas mariée. — Et elle tirait trois cartes à la fois, examinait si deux d’entre elles appartenaient à la même série et, dans ce cas, gardait et rangeait sur la table celle qui était la plus rapprochée de son pouce.

— T’es la dame de trèfle, vois-tu, car t’es brune, et la dame de pique est bien brune aussi, mais elle ne peut être qu’une veuve ou qu’une méchante femme ; ce qui ne serait pas vrai pour toi.

Elle épuisa de la sorte, trois fois, le jeu de trente-deux cartes, en rejetant une partie, dans sa jupe, à chaque coup ; il restait sur la table dix-sept cartes, l’indispensable nombre impair ; et elle comptait maintenant avec ses doigts, allant, de droite à gauche, à partir de son héroïne, la dame de trèfle une, deux, trois, quatre, cinq, s’arrêtant sur cette dernière carte. Un neuf de trèfle ! s’écria-t-elle triomphalement, c’est de l’argent. Une, deux, trois, quatre, cinq, qui sera donné par ce Roi, un homme sérieux, Un, deux, trois, quatre, cinq...

— Six ! levez la chemise ; sept, huit, neuf, tapez comme un bœuf ! ajouta Mme  Champagne.

Mais tout entière à sa réussite, Mme  Dauriatte ne daigna point relever cette puérile interruption.

— Cinq ! reprit-elle, un neuf de carreau, c’est des papiers, à côté de ce Roi de trèfle, qui est un homme de loi. Ça y est ! Tu peux dormir en paix sur tes deux oreilles. Ton sort est bon.