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IX


Au grand désespoir des paysans qui sacraient dès l’aube, le temps changea. Presque sans transition, le ciel chauffé à blanc se refroidit sous la cendre accumulée des nuages et, imperturbable et lente, la pluie tomba.

Cette pluie meurtrière des aoûtats qui disparurent et auxiliatrice des forces ébranlées par la canicule, parut délicieuse à Jacques, dont la cervelle se remit d’aplomb ; mais, après deux jours d’infatigables averses, des difficultés inattendues survinrent.

Un matin, une paysanne maigre et coxalgique poussant devant elle un somptueux ventre très peuple, entra, déclara qu’elle était la mère de l’enfant de Savin chargée des courses, s’étendit longuement sur la santé délicate de sa fille et finit par annoncer que si la dame ne lui donnait pas quarante sous par jour, elle n’enverrait plus l’enfant porter des provisions au château, par ces temps de pluie.