Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/126

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reculer, à s’avouer vaincu et il pénètre pendant ce temps par la poterne que l’on a laissée sans défense, parce qu’on la croyait à l’abri du danger et close  ; et l’on ne s’aperçoit de sa présence que lorsqu’il se pavane déjà dans la place.

Ah ! la Sainteté, ce qu’elle est rare ! mais à quoi bon en parler ? si seulement l’on pouvait se taire à soi-même, ne pas retomber dans ses fautes, juste au moment où l’on assure au seigneur que l’on veut, à tout prix, les éviter. Hélas ! Ce sont des serments d’ivrogne et ces pieux châteaux en Espagne ne tiennent pas debout !

L’humiliation de ces confessions fréquentes où l’on rabâche constamment la même chose, où l’on se ressasse ses délits, où l’on se remâche la litière de son vieux foin ! On range, une fois pour toutes, ses péchés, en un ordre convenu ; on lâche le déclic et le treuil tourne. Comme, lorsque la chair n’est plus en jeu, ils sont de minime importance — ce qui est une erreur, du reste, mais on se les imagine tels — il y a des instants où on ne les aperçoit plus, où l’on ignore si, depuis la dernière absolution, on les a, de nouveau, commis, et, de peur de se leurrer et de lésiner avec Dieu, on les accuse derechef, sans certitude, sans repentir  ; et puis… et puis… une question plus embarrassante se pose : où commence la faute quand la tentation sévit ? la repousse-t-on assez vite ? N’y cède-t-on pas toujours un peu ? N’y a-t-il pas au moins un soupçon de délectation morose, alors même que l’on regimbe sous l’aiguillon ?

Des visions charnelles vous assaillent  ; elles jaillissent, à l’impromptu, en éclair, devant vous  ; l’on regarde, surpris  ; alors, elles se précisent et une langueur affreusement