Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/130

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Il descendit le boulevard, aperçut en effet sur sa droite le dôme du temple devenu nécessaire depuis que le nombre des juifs important la camelote de Paris, s’était accru dans Dijon  ; et, sur sa gauche, il vit une de ces hautes et rigides murailles qui semblent bâties sur un modèle uniforme par les Carmels. Une petite porte à judas était entre-baîllée ; il la poussa, pénétra dans un jardinet de curé, soigneusement ratissé, aux plates-bandes diligemment tenues, se dirigea vers une grande porte ouverte au-dessous d’un bâtiment gothique qui ne pouvait être qu’une église et il entra, en effet, dans une chapelle.

Ce sanctuaire moderne, construit dans le style ogival, se composait d’une simple allée, sans transept. Au fond, près de l’autel, du côté de l’évangile, la grille de clôture croisait ses barreaux de fer noir ; cette églisette n’était ni belle, ni laide, mais ce qui la rendait un tantinet étrange, c’était la clarté que tamisaient les deux couleurs, raisin sec et céruse, de ses vitres, habitées par de grandes figures de saints et de saintes, en costumes de l’ordre, robes d’un brun tournant au violet de la prune de monsieur et manteaux blancs. Des noms désignaient les personnages qui se faisaient vis-à-vis de chaque côté de la nef  ; parmi les hommes : Elie, Jean Soreth, saint Albert et saint Jean de La Croix  ; parmi les femmes : sainte Térèse, sainte Madeleine de Pazzi, la bienheureuse Archangela et la mère Marie de L’Incarnation.

La chapelle était tiède et déserte  ; l’on n’entendait aucun bruit. Durtal se remémorait quelques détails qu’il avait lus dans un intéressant volume de M. Chabeuf