Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/17

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sérieux ! l’oblature Bénédictine existait déjà au huitième siècle ; elle est régie par des règlements séculaires ; où sont-ils ? Personne n’a l’air de le savoir.

Le bon vouloir d’un père Abbé ! Mais c’est se livrer, pieds et poings liés, à un homme que l’on ne connaît que par ouï-dire, en somme : et pour peu que celui dans le couvent duquel on s’internerait, fût ou vieux et borné, ou jeune et impérieux et versatile, ce serait pis que d’être moine ! — car le moine est au moins défendu par des ordonnances précises que son supérieur ne peut enfreindre. — Enfin, quelle situation mitoyenne, ni chair ni poisson, que celle de l’oblat en clôture ! Intermédiaire entre les pères et les frères lais, il aurait toute chance de n’être accepté, ni par les uns, ni par les autres.

L’oblature en robe dans une abbaye n’est donc pas enviable.

Ah ! et puis, il y aura toujours l’atmosphère lourde et raréfiée du cloître ; non, ce n’est décidément pas mon affaire. Ce qu’il se l’était répétée fois, cette phrase ! et il n’en retournait pas moins à Solesmes, car aussitôt réinstallé à Chartres, la nostalgie le repossédait de l’office divin, de ces journées justement très bien scindées par la liturgie pour ramener l’âme vers Dieu, pour empêcher ceux qui ne travaillent point, de trop voguer à la dérive.

Il avait, à Chartres, le soir, l’impression qu’il n’avait pas prié, qu’il avait dilapidé son temps ; et la hantise des chants entendus lui revenant par bribes à la mémoire entretenait son désir de les écouter encore, attisait, avec le souvenir de splendides offices, le regret de les avoir perdus.