Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/177

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près du préfet, fit passer dans les journaux qui n’y virent que du feu un écho que reproduisit, à son tour, la presse de province, relatant que m. le vicaire général Triaurault venait d’être nommé évêque in partibus d’Haceldama.

— Le champ du traître, celui où Judas se pendit ! s’écria Mlle de Garambois.

— Le comique est qu’il reçut de nombreuses visites et de nombreuses cartes le félicitant de son élévation à l’épiscopat. Il faillit en crever de rage.

— Il n’y a que la haine sacerdotale pour effectuer de pareilles trouvailles, dit Durtal.

— Enfin, reprit le moine, voilà la nouvelle ; elle est, vous le voyez, pénible ; quel sera le modus vivendi établi entre le curé et les Bénédictins ? Je l’ignore. Quel sera le nouveau titulaire du Val des Saints ? Je n’en sais pas davantage ; la seule chose qui soit sûre, c’est que la nomination ne tardera pas.

— Père, dit Mme Bavoil qui venait de rentrer dans la salle à manger, est-ce que les paysans ne vont pas protester et défendre leurs moines ?

Le père Felletin se mit à rire.

— Écoutez ceci, Madame Bavoil ; ici, le père curé ne touche aucun traitement du Gouvernement ; c’est donc une économie pour les contribuables, et, d’autre part, il ne peut — notre règle l’interdit — profiter du casuel auquel tout curé a droit. Donc, on enterre et on marie les pauvres, gratis pro Deo, et l’argent touché des obsèques et des noces de gens qui eurent le moyen de payer, est mis de côté pour acheter du bois que l’on distribue, dès que l’hiver approche, aux indigents. Le