Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/184

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C’est peut-être de là que vient l’expression « être aux cent coups », se disait-il, se figurant la bousculade des cellules, les moines se précipitant dans les escaliers, car, au centième coup, tous devaient être à l’église. Il est vrai que le bon saint Benoît ayant prévu quelque retard, déclare, dans sa règle, que l’on doit réciter un peu longuement, afin d’accorder aux traînards le temps d’arriver, le psaume 66, appelé, à cause même de cette recommandation, le psaume des paresseux ; car, après la récitation du psaume, c’est pour ceux qui ne sont pas rendus à leur place, la coulpe.

Moi, rien ne me presse, ruminait Durtal, car il savait à peu près par la fête du jour, vérifiée, la veille, sur l’ordo, l’étendue du spacieux office qu’est matines accompagné de laudes. Il durait, en effet, plus ou moins ; quelquefois, pour certains semi-doubles, tout était terminé à cinq heures dix minutes ; d’autres fois, alors qu’il s’agissait d’une grande fête, il y en avait jusqu’à six heures moins le quart ; la fin était annoncée par l’Angelus ; et aussitôt les messes commençaient.

Je ne suis, en conscience, tenu qu’à venir, les jours de communion, assister à la première messe, continuait-il ; mais je serais désolé de manquer les laudes et, sur cette remarque, il finissait par s’arracher du lit.

Quand le temps était beau et que le soleil était levé, il n’était pas difficile d’être présent aux heures canoniales de l’aube ; mais, l’hiver, par ces jours où la nuit ne cesse plus, dans cette église, dénuée de paillassons, jamais chauffée et atrocement humide, car elle ne reposait sur aucune crypte, c’était plutôt pénible ; et encore Durtal s’estimait-il heureux, à l’abri dans cette nef, qui paraissait