Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/187

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Mme Bavoil était friande de celle-là, parce qu’elle y baisait, en communiant, l’anneau du père Abbé ; et, plus courageuse que son maître, elle y descendait, chaque jour ; il est vrai qu’elle méprisait et les lanternes et les ciels d’encre ; elle était semblable aux chats qui regardent le soleil sans broncher et voient dans les ténèbres ; elle marchait son petit pas que n’arrêtait aucune rafale, que n’accélérait aucun gel ; elle traînait d’ailleurs tant de manteaux, tant de capes et de fichus entassés, les uns sur les autres, qu’elle ne pouvait être transpercée par les fils les plus aigus des pluies.

— Quand vous aurez avalé votre café, notre ami, disait-elle, alors qu’ils revenaient ensemble de l’église, il n’y paraîtra plus ; et le fait est qu’il y avait un moment exquis, ce moment où, délivré de cette course dans les frimas et l’ombre, Durtal s’asseyait dans son cabinet de travail, devant une cheminée où les pommes de pins craquaient et s’émiettaient en de rouges écailles dans les flammes orangées des bûches ; et déjà réchauffé, il dégustait, en mangeant une tranche de pain, une allègre tasse de café noir.

— Pour une fois, l’horaire se modifie, dit, un matin, Mme Bavoil ; car nous voici à la veille de noël. À quelle heure auront lieu les matines ?

— Ce soir, à dix heures.

— L’office est-il dans les bréviaires que nous a légués notre père, l’abbé Gévresin ?

— Oui et non ; il y est ; mais je dois vous prévenir que les matines monastiques diffèrent de celles du romain ; les psaumes varient ainsi que les antiennes et si les leçons sont les mêmes, elles sont coupées de façon