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nous les devons ; et ils nous demeurent à jamais acquis dans « l’O magnum mysterium », l’un des plus magnifiques répons du 2e Nocturne de cette nuit.

Ah ! la radieuse beauté de la Théophanie ! Alors que Jésus vient de naître et qu’il ne peut encore parler, il symbolise d’une façon immédiate, par un acte matériel, les enseignements qu’il proclamera si clairement plus tard. Son premier soin est de mettre en pratique et de confirmer par un exemple le chant de gloire de sa mère « l’Exaltavit humiles » du Magnificat !

Sa première pensée est une pensée de déférence envers elle. Il veut justifier devant tous le cri de victoire de la Vierge et il atteste aussitôt, en effet, que les petits sont ses préférés et qu’ils doivent passer devant lui avant les grands. Il certifie que les riches auront plus de mal que les pauvres à être admis en sa présence et il le fait comprendre, en imposant un long voyage à ces souverains et à ces savants que sont les mages, alors qu’il dispense de ces fatigues et de ces périls les pâtres qu’il convie, les premiers, à l’adorer et il rehausse la hiérarchie des humbles, en déléguant pour les conduire auprès de lui, non plus la lueur silencieuse d’une étoile, mais une troupe extasiée d’Anges !

Et l’Église se conforme aux desseins du Fils. En cette nuit de noël, les mages ne se manifestent qu’à la cantonade et il ne sera vraiment question d’eux, ils n’auront vraiment un office leur appartenant en propre qu’à la fête de l’épiphanie. Aujourd’hui, tout est pour les bergers.

Ajoutons qu’à son tour, Marie a toujours ratifié ce signe, car dans les plus célèbres de ses apparitions, elle s’est toujours adressée à des gardiennes de troupeaux, non