Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/213

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comme en s’amusant, tous les maux ; il n’en dédaignait aucun, extirpait le mal de dents et la migraine aussi bien que la phtisie et le cancer ; affections incurables et bobos, il les supprimait, sans paraître y attacher la moindre importance ; il soignait indistinctement les hommes et les animaux, pratiquait très simplement, effaçant sa personnalité, prescrivant tout bonnement d’user d’eau dans laquelle on aurait trempé une médaille de saint Benoît.

Ce religieux qui fut notre contemporain, car il naquit en 1824 et mourut en 1896, fit partie du cloître de Termonde ; il rétablit l’abbaye d’Afflighem et fonda le prieuré de Steenbrugge ; il était, du reste, un religieux épris de macérations et féru de sacrifices ; mais il fallait le savoir, tant l’allégresse et la bonne grâce de cet homme fumant doucement sa pipe, pouvait donner le change aux gens !

Maintenant, de tous ces miracles qui se dénombrent par centaines dans les Flandres, que peut-on croire ? Quelques-uns semblent avérés ; d’autres auraient besoin d’être démontrés, car ils ne s’étayent que sur des suppositions et sur des racontars.

Sa biographie écrite par un M. Van Speybrouck, avec une bonne foi persuasive, est si incohérente, si en dehors de toute préoccupation historique, que l’on ne saurait s’y fier. Espérons, pour la gloire de l’Ordre, que le P. de Moll ne fut pas un simple sorcier, mais un vrai saint. L’Église, seule, est à même de trancher la question et de nous éclairer.