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VIII

Il y eut une détente, le vent devint moins âpre ; le soleil qui semblait perdu reparut par instants dans le ciel de fer et blondit de ses lueurs furtives le sol. Ce fut un réveil momentané du jardin ; des arbustes vivants sortirent d’une terre qui paraissait morte. Les buis, aux petites feuilles orangées creusées en cuillères et devenues cassantes sous le doigt, des genièvres aux aiguilles bleuâtres et aux grains fripés, d’un indigo noir, surgirent comme d’une sorte de couche de cassonade striée par le gel qui fondait, de filets blancs ; les fusains, les aucubas, les taxus, les romarins restés verts, les buissons ardents dont les baies vermillon tournaient maintenant à la teinte du tan, égayèrent de leur verdure les massifs dont toutes les autres plantes n’avaient gardé que des tiges sèches et brûlées par le feu glacé des bises ; mais malgré tout, ces végétations avaient quelque chose de souffreteux ; elles avaient l’air de convalescentes à peine sorties de leur lit de neige.

Une seule famille s’épanouissait à l’aise dans le froid, les hellébores. Celles-là pullulaient le long des allées ;