Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/228

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à la face chiffonnée d’un trottin de modes, au-dessous de laquelle était gravée l’expression à la fois imbécile et sacrilège : « Stat in aeternum. » — C’était un nommé Coutant qui avait sculpté cela !

Durtal parcourut les galeries de la peinture contemporaine où se prélassaient, en bonne place, un hivernal portrait du pluvieux Carnot, par Yvon — un maréchal vaillant d’Horace Vernet où l’ingéniosité de ce teinturier militaire se décelait par ce petit détail : le maréchal dont la tête était celle d’un notaire à toupet, du temps de Louis-Philippe, ne savait où caser l’un de ses bras et le Vernet avait jugé original de le placer sur un tas de cuirasses qui reposaient, elles-mêmes, sur un tas de fascines jusqu’à la hauteur voulue pour servir d’appui-main, le tout échafaudé dans un paysage de fantaisie aux couleurs grêles et acides ; — puis, une œuvre de jeunesse de Gustave Moreau, « le Cantique des Cantiques », une toile plus que médiocre, du genre Chasseriau, qui ne permettait guère de soupçonner le futur talent du peintre de l’Hérodiade ; — enfin, des cocasseries furieuses d’un Anatole Devosge ; celui-là et Monsieur François, son père, étaient les gloires bouffonnes de Dijon et le buste de l’un de ces deux grotesques, avec une physionomie d’huissier et des pattes de lapin, le long des joues, se dressait sur un socle, dans l’une des salles. Cet Anatole Devosge il avait brossé une bâche inouïe ; cela s’appelait « Hercule et Phillo ».

La scène représentait une femme enchaînée, étreignant un gosse et s’efforçant de fuir les crocs d’un lion qu’un Hercule en colère étrangle.

Le lion était issu, en droite ligne, d’une lionne de tête