Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/238

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27 sols par jour, aux entremets. Il avait un frère également peintre, Daniel, natif de Tournai, dont il fut le maître et dont tous les travaux ont disparus ; et c’est à peu près tout ce que l’on sait de lui.

Un de ses tableaux, très curieux et dont Durtal possédait une belle photographie, appartenait au musée d’Aix, une vierge assise sur un large banc, de style gothique, planant au-dessus d’une ville et tenant un enfant Jésus très éveillé, une vierge un peu bouffie dont la tête se détachait sur une étrange auréole de rayons qui suscitait l’idée d’une roue de paon façonnée avec les piquants inégaux d’un hérisson d’or ; et, en bas, un Dominicain priait à genoux, entre un pape et un Evêque assis.

Une autre madone, et, celle-là, Durtal l’avait vue dans la collection de Somzée, à Bruxelles, l’avait depuis des années, hanté et elle surgissait maintenant devant lui, évoquée par le panneau de Dijon.

Elle était vraiment, en son genre, unique.

Dans un intérieur éclairé par une fenêtre ouvrant sur une place et meublé d’une crédence sur laquelle se dressait un calice et d’un banc à coussin rouge sur lequel se posait un livre, Marie, vêtue d’une robe blanche, brisée en de grands plis, s’apprêtait à allaiter l’enfant ; et là encore, la tête se découpait sur un nimbe extraordinaire fait d’une sorte de fond de panier, de van, et le jaune presque soufre de ce fond d’osier s’harmonisait délicieusement avec les tons sourds et doux, avec la teinte de fer délavée de ce tableau dont les personnages se délinéaient, un peu cernés de noir, dans un air gris.

Le type de cette Vierge différait complétement de