Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/258

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que l’oblature de saint Benoît ne peut, ainsi qu’une œuvre populaire, se diffuser ; elle ne s’adresse qu’à une élite et ne peut par conséquent rester qu’à l’état d’exception ; elle requiert, en effet, des postulants des conditions particulières, malaisées à remplir. Sa raison d’être, c’est la liturgie ; la vie du moine c’est la louange de Dieu, la vie de l’oblat sera aussi la louange de Dieu mais réduite à ce qu’il en pourra prendre ; pour atteindre ce résultat, il ne suffit point d’être fidèle à ses devoirs et de communier plus ou moins fréquemment, il faut aussi avoir le goût de la liturgie, le sens du cérémonial, l’amour de la symbolique, l’admiration de l’art religieux et des beaux offices.

Les oblats qui réuniront ces conditions — Dieu veuille, qu’ils soient nombreux, mais j’en doute — vivront donc autant que possible cette partie de l’existence monastique qui s’écoule à l’église, autrement dit, ils devront résider dans le cloître ou dans ses alentours.

Je ne me figure pas du tout, en effet, des oblats épars dans des villes telles que Paris, Lyon ou Marseille, n’ayant aucun rapport quotidien avec le monastère auquel ils appartiennent, n’assistant pas, par conséquent, à la messe conventuelle et aux vêpres chantées de chaque jour, ne s’assemblant qu’une ou deux fois par mois, comme à un son de corne, à l’abbaye. Ainsi comprise, l’oblature ne serait plus qu’une petite confrérie et il y en a assez, je pense, pour que nous n’en ajoutions pas une de plus à celles qui subsistent.

Ce serait, d’autre part, une grave erreur que d’assimiler l’oblature à un tiers ordre, puisqu’un tiers-ordre incorpore tous les gens, fussent-ils les plus incompréhensifs