Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

du monde, pourvu qu’ils soient des chrétiens zélés et des catholiques pratiquants.

Nous, au contraire, nous cherchons la qualité et non la quantité : il nous faut des savants, des lettrés et des artistes, des personnes qui ne soient pas exclusivement des dévots…

— Pas de marguilliers édifiants et de sacristes pieux ! s’écria Durtal.

— Oui, dit, en souriant, le père Felletin. Notre but n’est pas d’ailleurs d’improviser de doubles emplois avec les tiers-ordres des autres instituts, qui ont leur utilité car ils rendent service aux masses ; nous n’avons pas à marcher par exemple sur les brisées des Franciscains qui bénéficient d’une puissance séculairement acquise ; nous leur serions, du reste, au point de vue du prosélytisme et de l’organisation, très inférieurs.

Et puis, ayons le courage de l’avouer, en agissant de la sorte, nous duperions nos novices qui auraient plus d’intérêt à s’affilier au troisième ordre de saint François, car il est en pleine vigueur et assure à ses tertiaires des avantages que nous serions bien incapables de leur offrir ; Notre Seule force, à nous, ne peut résider que dans l’efficace des oraisons liturgiques et des offices ; et comment en faire réellement profiter des gens qui n’y prendraient aucune part et ne seraient imbus à aucun degré de cet esprit Bénédictin sans lequel aucune entrée dans notre ordre n’est ou ne devrait être possible ?

Non, plus j’y pense, et plus je suis convaincu que la seule oblature qui soit enviable est celle du Moyen-Age, celle du laïque habitant, comme je l’ai déjà dit, auprès ou dans l’intérieur d’un couvent vivant plus, en somme,