Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/266

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la bague bénie par le prélat et, folle de joie, s’écrie : « Mon Seigneur Jésus-Christ m’a liée à lui par son anneau et il m’adorne telle qu’une épouse ! » — Et de très antiques oraisons sanctifient, macèrent ainsi que dans de célestes aromates la petite Esther qui, regardant le chemin parcouru depuis la probation et songeant que le mariage est maintenant consommé, chante, au comble de ses vœux : « Enfin, voici ce que j’ai tant désiré, je tiens ce que j’ai tant espéré, je suis unie dans les cieux à celui que j’ai tant aimé sur la terre… » et, après la récitation de la préface, la messe continue…

Que sont, en comparaison de ce drame vraiment divin qui se joue entre l’âme et Dieu, les pauvres machines inventées par les théâtriers anciens ou modernes ? Mon Dieu, les serins !

— Oui, mais malheureusement, il n’y a pas de couvent de Bénédictines ici, et je ne verrai jamais cela, fit Madame Bavoil.

— C’est pour vous dire simplement que la cérémonie de l’oblature est, si on la rapproche de celle-là, si minime qu’elle n’est même pas intéressante à contempler. Que cette certitude vous console de n’y pouvoir assister !

Le lendemain matin, après avoir répété telles qu’une leçon, ses réponses latines aux questions que devait lui poser le prieur, Durtal s’achemina vers le cloître.

Il se sentait perturbé, mal à l’aise et il aurait bien voulu que cette fête fût déjà terminée. Tout ce côté d’attitude, de décor, auquel tenait tant le père cérémoniaire l’inquiétait. Il craignait de se tromper ; et cette appréhension l’empêchait de penser à l’acte qu’il allait accomplir et à la communion qui devait le suivre. Ah !