Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/269

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le réconforter. Au fond, sa souffrance venait simplement de ceci qu’au lieu de jouer le rôle de cérémoniaire qu’il devait prendre à la messe de ce matin-là, on l’avait chargé de faire « céroféraire » ; c’était pour lui comme un passe-droit et une déchéance.

C’était la tristesse d’un gosse auquel on enlève son bâton de sucre d’orge pour le donner à sucer à un autre ; ç’eût été évidemment risible si l’on ne savait que d’aucuns pâtissent autant pour un petit détail que d’autres pour des causes vraiment graves. N’était-ce pas la preuve, du reste, de la nécessité de cette douleur à laquelle nul n’échappe ? Que le motif fût sérieux ou futile, elle n’en atteignait pas moins les gens. Imperméable sur certains points qui suppliciaient sans doute ses frères du noviciat, le frère Gèdre était torturé par des riens et le terrible P. Emonot, qui l’avait remarqué, ne le ménageait pas, le frappant à l’endroit sensible, lui infligeant des humiliations de ce genre, le plus qu’il pouvait, pour briser en lui toute vanité, pour le détacher de lui-même, pour le façonner sur le modèle d’un véritable moine.

Mais ce matin-là, l’enfant était joyeux et il eut un petit sourire de tendresse, en regardant Durtal agenouillé, lorsqu’il sortit de la sacristie, précédant Dom De Fonneuve, à l’autel.

Durtal essaya de s’absorber dans sa messe, mais il déraillait à chaque prière ; la peur de s’embrouiller tout à l’heure, dans ses réponses, le dominait. Que je voudrais donc que cette cérémonie fût close ! se disait-il.

Au moment de l’offertoire, elle s’ouvrit.

Dom Felletin et Dom d’Auberoche montèrent à l’autel et se tinrent de chaque côté du prieur.