Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

admirable ; la tristesse y allait grandissant chaque jour, avant que d’éclater en les lamentables impropères, en les douloureux sanglots de la Semaine Sainte.

Cette période de tristesse et d’expiation avait été, elle-même, devancée par les mélancoliques semaines de la septuagésime, au début desquelles l’on pratiquait naguère l’abstinence, en ensevelissant l’allégre et le fol alleluia.

Et Durtal se rappelait, en souriant, que l’on procédait autrefois à son inhumation ainsi qu’à celle d’une grande personne, tant ce cri d’allégresse semblait vivant et intimement lié à Notre-seigneur, avec lequel il ressuscitait, le dimanche de Pâques.

Au douzième siècle, il avait même existé tout un office de ces funérailles fixées au samedi, veille de la septuagésime. Cet après-midi-là, après none, les enfants de chœur sortaient en procession de la sacristie, avec la croix, les torches, l’eau bénite, l’encens et ils portaient, en guise de corps, un peu de terre, traversaient le chœur de l’église et se rendaient au cloître où l’on aspergeait et encensait l’endroit choisi pour la sépulture.

C’était la mort d’une expression et le trépas momentané d’un chant ; c’était l’éclipse de gaies et de prodigues neumes, et l’on gémissait cérémoniellement de les avoir perdues ; et le fait est que les alleluias du répertoire grégorien étaient, pour la plupart, si délibérément exquis que l’on s’attristait de ne plus les chanter et que l’on se réjouissait, de bon cœur, alors qu’ils renaissaient avec le Christ.

Cette funèbre vie liturgique que nous avons commencée avec la Septuagésime, qui est la probation du