Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

premiers âges de l’église, peut-être même de l’église de Jérusalem, au quatrième siècle.

Et ces jours luctueux étaient admirables au Val-des-Saints.

Chaussé de sourdes pantoufles, les moines que n’annonçait plus le son des cloches, entraient, tels que des ombres, et ils soulevaient, en passant, avec leurs grandes coules noires, au vent froid qui soufflait l’odeur de cave des murs salpêtrés et des dalles ; et les petites heures défilaient à la queue-leu-leu, avant la messe, tombant, gouttes à gouttes, sans le « Deus in adjutorium » qui, d’habitude, les précède, sans le gloria qui les sépare et les suit et, à la fin de chaque office, l’on récitait le « Miserere » sur un ton lugubre, jusqu’au dernier mot « vitulos » jeté alors en l’air, ainsi qu’une pelletée de terre, sur une tombe.

Dans l’église à peine éclairée, avec les croix enfermées dans des losanges, le triangle fumant des cires, le bêlement d’agneau des lettres hébraïques chantées au commencement de chacune des lamentations de Jérémie, c’était navrant. L’Abbé, mitré, crossé, en ornements violets, procédait, le jeudi, au mandatum, lavait les pieds de ses convers ; et, le vendredi, après l’adoration de la croix et les funèbres impropères, coupées comme de refrains, par les apostrophes implorantes du Trisagion, il allait, vêtu d’une chasuble noire et mitré de blanc, sans bougeoir, sans crosse, prendre le pain consacré au reposoir, et tous les moines à genoux, sur deux rangs, tenaient des cierges sombres allumés et les éteignaient aussitôt après que l’abbé avait consommé les Espèces saintes.