Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/317

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pour lui. Il les avait pourtant exhibés déjà, plusieurs fois, à Durtal, mais il fallait que ce fût, lui-même, qui proposât de les regarder, sinon il demeurait sourd à toute invite.

Il avait offert, ce matin-là, de les examiner ; cela allait donc tout seul et il en sortit de leurs gaines quelques-uns.

C’était toujours un régal que l’apparition de ces fraîches merveilles ; je n’en ai pas beaucoup disait-il, mais je crois n’avoir râflé dans les ventes que des pièces de choix et il soupirait, avouant le prix de trente mille francs payé pour l’un de ces livres, magnifique du reste « Horae beatae Mariae Virginis », un petit in-quarto avec reliure du seizième siècle, à larges dentelles, un manuscrit de l’école flamande francisée de la fin du quatorzième siècle, en lettres gothiques, sur vélin, paré de cadres de branchages et de rinceaux, à chaque page ; et ce volume de près de 300 feuilles contenait une cinquantaine de miniatures à fonds d’or plat ou diapré, étonnantes, des vierges de nativité, à peine pubères, mélancoliques et mutines, des saint Jean, jeunes et imberbes, écrivant près d’un aigle, dans des intérieurs charmants, éclairés de croisées à résilles de plomb ouvertes sur de verts paysages à allées très pâles, menant à de petits donjons ; et de grandes scènes, telles que l’annonciation aux bergers, la visitation, le Calvaire étaient traitées avec une bonhomie de réalisme et un sentiment de piété naïve, vraiment touchants.

— Voici, dit M. Lampre, un diurnal de moindre prix, mais bien curieux ; remarquez la façon dont l’artiste a peint la sainte trinité ; elle diffère absolument