Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/323

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Saint-Gervais, mais il aurait aidé à attirer les foules.

Et ils auraient certainement gerbé des vocations d’artistes fascinés par la splendeur de ce milieu et récolté tout l’argent qu’ils auraient voulu. Ajoutons qu’ils auraient singulièrement avancé l’heure du triomphe du chant grégorien, en l’implantant, en plein cœur de Paris et qu’ils auraient pu occuper dans l’art une telle place qu’aucun gouvernement n’aurait osé les toucher.

Afin d’obtenir un semblable résultat, il eût été nécessaire, pour parler la langue industrielle, de faire grand, d’exposer une maîtrise impeccable, de dérouler sous d’imposantes voûtes un habile cortège de fastueux liturges. Seul, Solesmes était de taille à réaliser un pareil concept ; mais par suite de circonstances désastreuses, indépendantes de sa volonté, l’abbé n’a pu établir un monastère à Paris. La malechance s’en est mêlée comme autrefois à Solesmes même, lorsque Dom Couturier voulut rénover l’enluminure.

— Tiens, vous savez cela ?

— Dame, Dom Felletin m’a raconté ce projet et nommé un oblat fort expert en cet art désuet…

— Anatole Foucher, oui, je l’ai jadis fréquenté…

— Et qui a façonné des élèves à sainte Cécile de Solesmes.

— Et aussi chez les Bénédictines de la rue monsieur, à Paris, car les miniatures se sont maintenant réfugiées dans les cloîtres féminins de l’ordre. J’ai vu, d’ailleurs, des vélins dessinés et coloriés par ces moniales de Paris et aussi par celles de Dourgne et qui révélaient, en sus d’une savoureuse adresse de métier, des surgies d’âmes vivant en Dieu, vraiment charmantes.