Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/342

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propres yeux et qu’ils n’apercevaient d’ailleurs que fragmenté, dans la lumière divine, ne les ait pas jetés dans un état permanent de larmes. Sluter a donc eu peut-être raison de limiter les indices de leurs sentiments et de confier les signes plus manifestes de la douleur aux purs esprits qui, tout en ne pouvant découvrir par eux-mêmes l’avenir, ont un mode de connaissance plus subtil que le nôtre, et sont, en tout cas, indépendants, en leurs êtres, des conditions de temps et de lieux.

Une autre question à tirer au clair, serait celle de déterminer la part assignée à ses collaborateurs, dans cet édifice. En sus de Claus de Werve, qui a, nous le savons, sculpté les anges, plusieurs sculpteurs travaillaient sous ses ordres, Hennequin de Prindale, Rogier de Westerhen, Pierre Aplemain, Vuillequin Semont, pour en citer quatre dont les noms me reviennent. Un autre appelé Jean Hulst, semble indiqué plus particulièrement, tel qu’un ornemaniste, ciseleur de feuillages et de chapiteaux. Dans quelle mesure contribuèrent-ils à parfaire les figures du puits ?

D’après les comptes de la chartreuse, conservés dans les archives de la côte-d’or, il paraît que Claus de Werve, et Hennequin de Prindale auraient sculpté certains morceaux des statues des Prophètes.

Lesquels ? Serait-ce la partie des parures et des ornements ? s’il en était ainsi, ils seraient, il faut bien l’avouer, en leur genre, les plus étonnants des spécialistes, car les harpes brodées sur le manteau de David, les festons, les rinceaux, les croix grecques qui passementent ceux de Daniel et d’Isaïe, les boucles ciselées de leurs ceintures de métal et d’étoffe, les livres de Jérémie et