Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/349

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bien possible, mais il faut dire, à sa décharge, que d’après les devis mêmes des architectes, l’immeuble usé ou mal bâti menaçait ruine et que, d’autre part, ces ouvriers qu’il transplantait de la Flandre et des Pays-bas dans un pays de vignobles où le vin se vendait bon marché, étaient peut-être, à certains moments, ingouvernables.

Nous sommes, au demeurant, fort mal renseignés sur sa façon de vivre et sur le plus ou moins de souplesse de son caractère ; sans crainte de se leurrer pourtant, il est permis d’admettre qu’il avait parfois des idées singulières ; une quittance du bailliage de Dijon nous apprend, en effet, qu’il commanda à un orfèvre une paire de besicles pour en orner le nez de sa statue de Jérémie ; et l’on est en droit de se demander ce que pouvait bien signifier pour lui, alors qu’il s’agissait d’un prophète de la bible, cet attribut ?

Mieux vaut, en tout cas, croire à un état d’esprit bizarre qu’à un désir de rendre plus ressemblant encore le portrait du Chartreux ou du curé qui lui a évidemment servi de modèle, car ce serait la preuve trop certaine alors d’une incompréhension ou d’une indifférence par trop naturalistes du sujet religieux qu’il s’était engagé à traiter.

Si sa jeunesse ne nous est pas révélée, et si son âge mûr nous est à peu près ignoré, sa vieillesse nous est, en revanche, mieux connue.

Avant même qu’il n’eût achevé les travaux prescrits par le duc, il se retira à l’abbaye de Saint-étienne, de l’ordre de Saint-augustin, à Dijon et, en 1405, après un séjour de deux ans, il y mourut.

Le contrat passé entre lui et frère Robert de Beaubigney,