Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/362

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supposant même qu’elles ne meurent pas faute de ressources, les maisons de la congrégation de Solesmes sont donc condamnées à végéter sur place et à se désagréger, peut-être à la longue, dans un insurmontable ennui ; en tout cas, l’esprit Bénédictin est appelé à disparaître de notre pays si l’on ne découvre pas un subterfuge pour l’y conserver ; et c’est ici, que l’oblature se décèle pour moi, ainsi que ce subterfuge et que cet expédient ; les Bénédictins useront-ils, pour l’honneur même de saint Benoît, de ce pis aller, de cette dernière ressource ?

Je l’espère — et ne vois pas du reste que le gouvernement ait le pouvoir de s’opposer à ce dessein : aucune loi ne peut, en effet, empêcher des artistes de louer, chacun, une maison dans une villa aménagée en conséquence, d’y vivre ainsi qu’il leur plaît, de s’assembler, à certains moments, pour y causer d’art ou y prier, pour y faire, en un mot, ce qu’ils voudront. Ils ne sont pas prêtres, ils ont une profession civile, reconnue, ils ne sont engagés par aucun vœu, ils ne revêtent aucun costume monastique visible, puisque le grand scapulaire s’étend sous les vêtements. Leur réunion rentre donc dans la catégorie des associations littéraires qui sont dispensées de demander l’autorisation préalable.

Il n’est pas admissible, d’autre part, que l’un des locataires ne puisse donner l’hospitalité à un moine, au moins, habillé, s’il le fallait, en simple prêtre ; il n’y a pas encore de loi qui interdise d’héberger un ami — et dès lors l’oblature est formée.

En attendant que ces beaux rêves se réalisent pour les autres, — moi qui ne les verrai sans doute pas, — je voudrais bien que notre père Abbé nous laissât ici,