Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/385

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vous nommez vous-même, en termes techniques, la concurrence, c’est-à-dire le conflit qui éclate à vêpres entre deux offices et qui fait qu’à rang égal, pour mettre tout le monde d’accord, on divise l’office en deux, on le panache, tel qu’une glace, à partir du Capitule !

— Ce n’est pas d’aujourd’hui que la réforme du bréviaire a été jugée nécessaire, répliqua Dom Felletin ; les siècles se sont repassé le souci de ces refontes. Lisez les institutions liturgiques de notre père Dom Guéranger et l’histoire du bréviaire romain de l’abbé Batiffol et vous verrez qu’il n’est guère d’époques où les réclamations du clergé n’aient été entendues à Rome.

Œuvre anonyme, produit, de même que le plain-chant, du génie et de la piété des âges, le romain avait atteint, à la fin du huitième siècle, une réelle perfection. Il se maintint, à peu près intact, jusqu’à la fin du douzième. Corrigé, au treizième, à l’usage des frères mineurs, par leur général le père Aimon, il fut répandu, par ses soins, dans tous les diocèses et il finit par abolir le texte pur. Or les modifications franciscaines étaient tout simplement lamentables. Elles bourraient l’office de phrases interpolées ou douteuses, l’encombraient d’histoires apocryphes ou inutiles, inauguraient ce système qui prévalut de sacrifier le temporal au personnel. Tel quel, cet office subsista jusqu’au seizième siècle. Alors le pape Clément VII voulut le remanier de fond en comble. Il s’adressa à un cardinal espagnol, appartenant, lui aussi, à l’ordre de saint François, et il sortit du travail de cette éminence ce qu’on appelle le bréviaire de Quignonez, une compilation hybride, sans queue ni tête, en dehors de toutes les traditions. On dut le subir, mais pas très longtemps,