Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/388

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point de vue de l’archéologie et de l’art, des actes de véritable sauvagerie, de pur vandalisme. Toute originalité disparut des offices.

— Oui, interrompit Durtal, ce fut quelque chose comme un rouleau compresseur qui aurait nivelé toutes les routes liturgiques de France !

— Enfin, reprit le moine, cet édifice fait de pièces et de morceaux dura, tant bien que mal, jusqu’au règne de Louis XIV. Alors, les idées gallicanes et jansénistes intervinrent et la démolition de la bâtisse, tant de fois réparée, fut résolue.

On abattit le bréviaire romain et on le reconstruisit sur de nouvelles bases.

Nous eûmes alors les œuvres de Harlay, de Noailles, de Vintimille. Ces prélats chambardèrent de fond en comble le psautier, n’admirent plus que des antiennes et des répons extraits des écritures : ils biffèrent les légendes des saints, amoindrirent le culte de la sainte vierge, évincèrent une série de fêtes, substituèrent aux anciennes hymnes des poésies de Coffin et de Santeuil. L’on enroba les hérésies de Jansénius dans le latin du paganisme. Le bréviaire parisien fut une sorte de manuel protestant que les jansénistes de Paris colportèrent dans la province.

Cela devint, au bout de peu de temps, dans les diocèses, une véritable pétaudière ; chacun se fabriqua un service à son usage, toutes les fantaisies furent permises. L’on vivait sous le régime du bon vouloir de l’ordinaire, quand Dom Guéranger parvint à ramener l’unité de la prière dans notre pays, en faisant adopter, une fois pour toutes, les rites de l’église de Rome.