Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/393

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des vôtres ; et vos élues, vos saintes en « erte » telles qu’Austreberte, en « urge » telles que Walburge et Wéréburge, où sont-elles ?

— Si elles figuraient dans le propre de notre congrégation, vous nous reprocheriez de ne plus avoir d’office temporal, répliqua Dom Felletin. C’est justement parce que Notre Sanctoral personnel est peu chargé, que nous pouvons encore réciter l’office votif de la sainte vierge et de saint Benoît. Vous ne vous en plaignez pas, je pense ?

— Non, car ils sont d’un plain-chant ancien, très simple et vraiment exquis !

— Quant au ménologe, jadis Dom Onésime Menault, mort à Silos, commença une série de monographies Bénédictines ; une fois réunies, ces petites plaquettes auraient peut-être pu former un ou deux volumes de biographies curieuses pour l’histoire de notre ordre. Deux seulement parurent : la vie de saint Benoît d’Aniane et celle de saint Guilhem de Gellone. L’éditeur ne les vendit point et arrêta les frais.

Il est certain néanmoins que le ménologe dont vous parlez serait bien utile, mais il est trop tard pour nous y atteler ; ce n’est pas maintenant que nous allons vivre dans le désarroi hors de France qu’il faut songer à préparer des besognes de longue haleine…

Tous deux se turent. Ils étaient revenus au point de départ de leurs longues discussions, à l’exil et il était impossible qu’il en fut autrement, car ce départ était passé, chez tous, à l’état de hantise, d’idée fixe. Toute conversation même lointaine y ramenait.

— Bah, fit Durtal, qui sait ? il vous arrivera peut-être