Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/401

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vont disparaître ainsi que celles des autres instituts qui n’ont pas mieux réussi que les jésuites, d’ailleurs ; qu’y perdrons-nous ?

— Ce n’est pas leur faute, opina Mme Bavoil ; l’on ne saurait avec de mauvais draps façonner de bons habits.

— Sans doute, mais laissons cela et avouons qu’en thèse générale, les revendications que nous formulons sont plutôt hypocrites. Nous réclamons aujourd’hui la liberté et nous ne l’avons jamais accordée aux autres ! Si demain le vent tournait, si c’était un des tristes légumes récoltés dans nos potagers catholiques, qui supplantait Waldeck, nous serions encore plus intolérants que lui et nous le rendrions presque sympathique ! Nous avons embêté tout le monde, madame Bavoil, alors que nous disposions d’un soupçon d’autorité, on nous le rend ; tout se paie ; le moment de l’échéance est venu.

Remarquez bien d’ailleurs que les jacobins qui nous oppriment ne sont pas issus d’un germe momentané ; ils sont la résultante d’un état spécial ; ils ont été engendrés par la faiblesse de notre foi, par l’anémie de nos prières, par la veulerie de nos instincts, par l’égoïsme de nos goûts.

Ah oui ! Les catholiques ont tout mérité ; nous devrions nous répéter cette phrase, chaque matin et chaque soir, à genoux, devant Dieu et devant les hommes !

— Comment nous tirerons-nous de ce pétrin, notre ami ?

— Je ne sais, mais je suis cependant certain que Notre Seigneur extraira le bien du mal ; s’il permet que son église soit suppliciée, c’est qu’il entend la préparer par la persécution à de nécessaires réformes ; le glas des ordres sonne, les cloîtres vont disparaître. Il les remplacera