Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/412

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L’Abbé reprit :

— Surge in nomine Domini ; levez-vous, au nom du Seigneur.

Le frère se leva et se mit à genoux ; l’abbé lui montra la règle de saint Benoît, s’enquit de savoir s’il voulait l’observer et, sur sa réponse affirmative, il répliqua « que Dieu achève ce qu’il a commencé en vous » puis il parla, remerciant le sauveur qui lui donnait, dans les moments si douloureux qu’il traversait, la consolation de voir persévérer une vocation dans son abbaye, et lorsqu’il eut fini son allocution, il se coiffa de la mitre simple, en toile d’argent, entonna l’antienne « mandatum novum do vobis » et les versets, les mêmes que ceux chantés au lavement des pieds du jeudi saint, alternaient, échangés par les deux chœurs des moines.

Dès le début de l’antienne, le postulant, après avoir salué l’officiant, était allé s’asseoir sur la chaise préparée à son usage, en face du trône et il avait défait ses bas et ses chaussures et tendu ses pieds nus sur l’escabeau.

Et l’abbé, la taille ceinte d’un linge, suivi des assistants et du P. Emonot, remplaçant le cérémoniaire, le P. d’Auberoche, parti à Paris pour dénicher de l’argent, s’agenouilla sur le coussin de velours. L’un des assistants tint le bassin, un autre versa de l’aiguière de l’eau tiède parfumée de plantes aromatiques, et le révérendissime lava les deux pieds du frère, les essuya, avec une serviette dont il se servit ensuite pour couvrir seulement les doigts, en laissant le reste des pieds à nu, puis il les baisa, et, chacun vint à son tour s’agenouiller et les baiser.